La question qui traverse tout l'ouvrage est simple et directe : " l'Europe peut-elle partager et transmettre ce qu'elle a appris en s'arrachant à son histoire au lendemain de la seconde guerre mondiale ? ". Héritier d'une histoire familiale lorraine nourrie de l'antagonisme franco-allemand et fonctionnaire européen, Bernard Philippe a été un témoin privilégié des évolutions du Proche-Orient et des relations israélopalestiniennes. Tantôt acteur, tantôt analyste, il restitue aujourd'hui ce vécu et affiche des convictions fortes appuyées sur une analyse fouillée de la littérature politique sur le sujet. Profondément créatif et résolument réaliste, ce livre donne une lecture originale des conditions de la paix au Proche-Orient, thème qui hante les chancelleries comme notre mémoire collective depuis plus de soixante ans. Il mérite attention au moment où l'Europe risque de se refermer sur elle-même et sur ses peurs historiques, et au moment où les Etats-Unis ambitionnent, contre toute probabilité, d'amener Israéliens et Palestiniens à un accord de paix. Sans cette paix, l'Europe demeure inachevée. En bâtissant la paix et l'unité sur le continent, l'Europe a franchi un pas de géant, sans pour autant aller jusqu'au bout de son histoire. Porter en elle la paix du Proche-Orient devient une condition de son propre accomplissement. Un sérieux rendez-vous l'attend.
